Haïti: «Un silence effrayant» règne dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince

Haïti: «Un silence effrayant» règne dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince

RFI
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Nouvelle journée sous très haute tension en Haïti, où les gangs sèment toujours le chaos dans la capitale. Plusieurs quartiers de Port-au-Prince sont paralysés. Écoles, banques et commerces restent fermés. De nouveau, des dizaines de personnes ont tout abandonné ou presque pour fuir les violences. Des tirs intenses ont été entendus autour de plusieurs sites stratégiques.

De nombreux habitants restent terrés chez eux. « C’est tantôt des tirs, tantôt un silence effrayant », témoigne une habitante sous couvert d’anonymat. Elle décrit les pillages de banques communautaires ou de pharmacies, « le plus souvent la nuit » et les barricades établies dans les rues avec des voitures. Cette résidente de la capitale ne peut plus aller travailler depuis la fin de la semaine dernière, « on ne bouge plus de chez nous ». C’est la nécessité qui pousse les habitants à se risquer dehors, car beaucoup ne dispose de vivres et d’eau que pour quelques jours seulement.

Et « la police est toujours peu visible, rapporte Gotson Pierre, le directeur de l’agence Alterpresse, le couvre-feu déclaré par le gouvernement n’a pas permis de récupérer le contrôle et un autre sous-commissariat à Delmas a été incendié hier soir. »L’insécurité qui règne autour de l’aéroport a entraîné la suspension de plusieurs vols internationaux et le Premier ministre, qui aurait dû rentrer de son voyage au Kenya en début de semaine, mais il est toujours à l’étranger. D’après le média haïtien Radio Télé Métronome, Ariel Henry se trouve aux États-Unis et aurait sollicité l’aide du gouvernement américain pour faciliter son retour au pays dans un avion militaire. Toujours selon le média, l’administration Biden a refusé. Pas de commentaire officiel, si ce n’est l’assurance par le Département d’État que le Premier ministre a bien l’intention de rentrer en Haïti.

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« Nous avons un problème d’autorité politique qui ne montre pas de volonté pour redresser la situation, constate le porte-parole du Syndicat nationale de la police haïtienne, nous avons un problème de leadership au sein de la PNH. Nous n’avons pas les moyens, les efforts de la police paraissent inefficaces. » Francisco Occil dénonce aussi le manque d’effectifs, « nous exigeons un renforcement des capacités opérationnelles, la volonté du gouvernement et de la communauté internationale. Ce que nous vivons est regrettable et révoltant. »

Un Super Tuesday sans grand enjeu

Quinze États américains votent aujourd’hui pour les primaires républicaine et démocrate. Donald Trump figure bien sur les bulletins du Colorado, la Cour suprême a décidé hier que l’ancien président était bien éligible, revenant sur une décision de la justice du Colorado qui lui reprochait son rôle dans l’assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021 et l’avait déclaré inéligible en vertu de l’article 14 de la Constitution américaine. Donald Trump reste l’ultra-favori du côté républicain et il n’y a pas plus de suspense chez les démocrates. Les États-Unis se dirigent donc vers un match retour de l’élection de 2020, un choix entre un « vieux sénile » ou un « vieux déséquilibré » résume l’autre candidate républicaine Nikki Haley, se faisant l’écho de nombreux Américains. La majorité d’entre eux ne veulent pas de cette affiche.

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