Côte d'Ivoire: les Kroumen réinvestissent le secteur touristique

Côte d'Ivoire: les Kroumen réinvestissent le secteur touristique

RFI
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Un temps délaissé en raison des affres de la guerre militaro-politique de la décennie 2000, les Kroumen – autochtones de la région de San Pedro et propriétaires terriens – souhaitent réinvestir le secteur touristique, porteur et en plein développement. À Roc, près de Grand-Béréby, des projets d'écotourisme ont émergé.

Près du campement d’Olivier Djiboro, le sable est soigneusement ratissé chaque matin. L'espace aménagé face à l'océan offre un coin de tranquillité apprécié des touristes. C’est en 2016 que les jeunes du village ont commencé à construire les cases en bambou pour accueillir les visiteurs.

Protection des tortues

« L'idée est venue quand une ONG a décidé de protéger les tortues, déroule-t-il. Les touristes venaient beaucoup dans le village, pour la visite des bébés tortues. Donc quand ils venaient, ils voulaient dormir sur place. Mais il n'y avait pas de toit, il n'y avait pas de logement. C'est ça qui nous a motivés à créer cet espace. »

Huit cases ont été construites et équipées sur la plage. Point de salle de bain, mais des toilettes sèches et des seaux d'eau pour se doucher. Une approche écologique défendue par Olivier Djiboro.

« Tout ce qu'on voit sur le littoral, ce sont des hôtels, explique-t-il. Donc nous, on s'est dit qu'il fallait faire au moins une différence de ce que les autres avaient. Au départ, on n'avait pas trop de moyens. C'est ça qui nous a amenés à créer des cases en bambou, qui permettent aussi de mieux préserver la nature. »

Équilibre communautaire

L’idée d’Olivier Djiboro ainsi que le succès grandissant de la destination Grand-Béréby ont donné envie à d’autres villageois de se lancer dans cette activité. Gnépa David déplace d’immenses de feuilles de palmier pour bâtir un espace cuisine. « Ici, on aura un petit bar pour pouvoir les mettre à l'aise, indique-t-il avec fierté. Le coin me plait tellement que vraiment, je me suis donné à fond. Pour que ceux qui vont venir ressentent le même sentiment que j'ai pour la place. »

Pour respecter l’équilibre communautaire du village, les revenus issus de ces activités sont partagés. Une part des revenus revient au village, pour dédommager aussi les habitants qui n’exercent pas sur la plage. « Il y a un revenu pour le chef de village, qui met cela dans une caisse commune, pour les petites dépenses, on peut piocher là-dedans ! », expliquent les deux hommes.

Ceux-ci n'ont pas reçu d’aides ou de subventions pour développer leur projet, mais les autorités tentent de promouvoir la région. La candidature du village voisin de Mani-Bereby a été présenté auprès de l’Organisation mondial du tourisme, afin de rejoindre la liste des Plus beaux villages touristique du monde.